Dans le livre Civilizations (Grasset), Laurent Binet imagine que les Incas envahissent l’Europe du XVIème siècle. Après la Septième fonction du langage, thriller se déroulant dans les milieux intellectuels et politiques des années 80, l’auteur fait de nouveau appel à l’uchronie, principe de réécriture fictive de l’histoire. HHhH, son premier roman, axé sur l’attentat ayant visé en 1942 le dignitaire nazi Heydrich, traitait au contraire de la difficulté à respecter la vérité historique dans un cadre romanesque. L’auteur y rapportait les faits le plus fidèlement possible, résistant à la tentation de romancer.
Quelles tensions au sein du rapport entre littérature et Histoire mettent à jour ces différents modes de narration ? En quoi l’uchronie est-elle un genre pertinent pour dévoiler des enjeux historiques et en faire l’écho dans notre réalité contemporaine ? Utilisée notamment par Philip Roth ou Quentin Tarantino au cinéma, qu’est-ce qui explique son attrait et sa popularité ? Qu’est-ce qui en fait un moteur narratif puissant et pourquoi la privilégier par rapport à un mode de narration classique ?
Plus généralement, comment raconter l’Histoire ? Qu’est-ce que la vérité historique ? Qu’est-ce qu’un roman historique ?
Nous aborderons également le choix de l’auteur de nous plonger dans l’Amérique et l’Europe du XVIème siècle et en quoi cette époque charnière et foisonnante se révèle le terrain de jeu idéal du genre littéraire qu’il a adopté.