En France, les antennes des universités américaines désertées

Ces structures, habituées à recevoir des étudiants américains dans des programmes de « study abroad » (séjours d’études à l’étranger), tournent presque à vide. 

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Cet article a été publié par Le Monde

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Pascal Galinier
November 03, 2020

L’année a des allures de crash-test pour la soixantaine d’établissements d’enseignement supérieur publics et privés américains qui opèrent en France, alors que nombre d’universités ont suspendu leurs programmes de « study abroad » (séjours d’études à l’étranger). « La rentrée a été très difficile. Un tout petit nombre de programmes de mobilité ont pu accueillir des étudiants américains. De très nombreuses structures tiennent grâce au système de soutien économique mis en place par l’État français », résume Carol Huber, la secrétaire générale de l’Association des programmes universitaires américains en France, elle-même enseignante à Montpellier pour le compte de l’université publique de Caroline du Nord.

Selon les chiffres du Quai d’Orsay, le nombre de visas accordés à des Américains pour étudier en France a chuté de 70 % entre 2019 et 2020, sur la période allant de janvier à octobre. En temps normal, d’après les données de l’Institute of International Education, les universités américaines envoient 17 000 étudiants en échange universitaire en France chaque année, que cela soit dans des établissements français ou dans leurs antennes délocalisées.

« Go local », proclame désormais New York University (NYU) sur son site web. Depuis le début de l’année, son antenne du boulevard Saint-Germain, à Paris, l’un des 14 centres universitaires mondiaux de l’université de Greenwich Village, est quasi déserte. « On a cette année dix fois moins d’étudiants, et ceux qui sont là sont pour l’essentiel des Européens et des Américains binationaux, ou qui étaient déjà présents à Paris », précise Alfred Galichon, directeur de NYU Paris. Le campus, qui accueille chaque année 350 étudiants, appliquait jusqu’à la semaine dernière les consignes strictes imposées par la maison mère new-yorkaise : 2 mètres entre chaque étudiant, questionnaire santé à remplir chaque jour, prise de température à l’entrée, pas plus d’une personne dans l’ascenseur… Désormais, les cours ont totalement basculé à distance.

Programmes annulés

L’antenne parisienne de Columbia, à deux pas de Montparnasse, assurait déjà ses cours en ligne depuis la rentrée. Avant le deuxième confinement, le site accueillait les étudiants résidant à Paris et qui souhaitaient « avoir un espace de travail », dit Brunhilde Biebuyck, sa directrice. Soit, « pour l’instant, une cinquantaine d’étudiants » – contre 600 par an en rythme de croisière. « Tous les programmes de study abroad ont été annulés par les universités américaines qui nous envoient normalement leurs étudiants », constate la directrice, qui pense « qu’un grand nombre de ces programmes » seront également annulés au semestre de printemps.

« Nous ne sommes pas dans une année blanche », tempère Sébastien Greppo, responsable administratif de l’antenne de l’université de Chicago à Paris. Elle avait rouvert le 1er septembre avec 24 étudiants sur les 75 prévus, « ce qui n’est pas trop mal, vu les incertitudes sur les autorisations de voyage, qui n’ont été levées que vers la fin août ». Une partie des étudiants sont « des Européens qui auraient dû partir à Chicago mais qui n’ont pas pu pour des raisons de visa ». Dans l’antenne parisienne de Boston University, Renée Pontbriand, directrice exécutive, compte,« pour l’heure, quatre étudiants américains en tout et pour tout ». Quant aux cursus en alternance, dont la filiale parisienne s’est fait la championne, multipliant les partenariats avec des entreprises françaises ou installées en France, ils sont au point mort. « On ne va pas faire venir des étudiants en France pour qu’ils se retrouvent en télétravail… »

« Paris est une cité incontournable »

La destination France survivra-t-elle à ses confinements à répétition ? « Paris est une cité incontournable », pour Brunhilde Biebuyck. La responsable de Columbia Paris souligne que ses étudiants « ne viennent pas seulement ici pour étudier la France éternelle, son histoire, sa culture, sa langue… Ils viennent pour s’ouvrir au monde entier ». 

 

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